La restauration de la Manufacture Guerrier, de 2020 à 2022

 

 

Au tournant des années 2000, sous l'impulsion, entre autre Michel Chapuis, la DRAC Lorraine pausa la réflexion de réaliser un ample relevage de l’instrument permettant, outre une révision approfondie, de revenir sur des éléments non restaurés en 1969, les techniques de restauration ayant beaucoup progressé au cours des dernières décennies.

 

Il avait été convenu de remplacer la soufflerie à plis parallèles de Franz Staudt (1904) par des soufflets cunéiformes tels que ceux que Johann Andreas Silbermann avait construits en 1746. De la même façon, certains éléments neufs de Kern étaient apparus au long des années comme assez étrangers à la facture du XVIII° siècle. En particulier la fourniture et la cymbale donnaient quelques accents nordistes à l’instrument, et les sonorités de la montre présentaient une réelle différence avec l’harmonie des dessus du prestant, encore de Silbermann sur le sommier. D’autre part, de très nombreuses bouches des tuyaux anciens, abimées par des accordeurs sans doute peu scrupuleux, nécessitaient une véritable restauration.

 

Pour autant, rien ne se fit. Ce n’est qu’en 2008 que le projet de relevage fut relancé. Mais le marché fut annulé au profit d’un projet de restauration intégrale. En effet, si l’instrument sonnait encore honorablement, l’idée de revenir aux soufflets cunéiformes ne concordait guère avec la tuyauterie de Kern. Il fut décidé de renouveler entièrement cette tuyauterie de 1969 au profit d’une reconstitution la plus fidèle possible aux techniques de fabrication de Silbermann. C’est ainsi qu’il fut imposé au cahier des charges que le martelage des tuyaux de montre et de trompette de pédale soit manuel.

 

Par ailleurs, lors de la recherche de financement, la nouvelle région Grand Est apparu comme une des collectivités pouvant être sollicitée. Cependant, son règlement imposait que d’autres travaux aient lieu dans l’église. C’est là que germa l’idée de restituer la balustrade ajourée. Personne n’avait osé avoir ce rêve jusque-là ! Ce qui aurait pu rester une utopie devint réalité.

C’est à l’entreprise Guerrier de Willer, seule à relever ces différents défis, que fût confié le marché, Christian Lutz ayant été recruté comme maître d’œuvre.

Le programme des travaux :

  • Restitution de la balustrade ajourée
  • Construction et mise en place de deux soufflets cunéiformes
  • Reconstruction d’une montre neuve martelée à la main et aux dimensions réelles de Silbermann. C’est un des points les plus émouvants de ce chantier : les dimensions de la montre réquisitionnée par l’armée allemande avaient été consignées par le facteur chargé de démonter la façade d’origine à la demande du curé de l’époque.
  • Reconstruction d’une fourniture et d’une cymbale neuves, en copie de Silbermann. Les tailles purent être reconstituées grâce à plusieurs tuyaux de plein jeu retrouvés dans la doublette.
  • Reconstruction de la tuyauterie de pédale, avec les techniques de Silbermann
  • Restauration des sommiers du grand orgue et de l’écho, éprouvés par le chauffage

Le point le plus discuté fût sans doute l’élaboration du tempérament : la proposition de Marianne Bucher secondé dans sa réflexion par Vincent Bernhardt fût retenue.

Les travaux furent inaugurés au cours du festival 2022 avec Vincent Bernardht, Rainer Oster et Helmut Deutsch, les plus fidèles Amis du Festival et de l’orgue Silbermann de Saint-Quirin

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